12 | 2021
Les écoles congréganistes de Carthage à l’époque coloniale : un lieu d’assimilation

Ikram Kridene (*),

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Résumé

Dans l’histoire de Carthage coloniale des XIXe et XXe siècles, une minorité religieuse – les congrégations catholiques françaises – a contribué de manière significative à la modification de la condition sociale des habitants autochtones et dans une moindre mesure, de celle des Européens. Elle a également marqué de son empreinte le paysage urbain et architectural de la ville qui, au début de l’époque coloniale, était ruinée. Cette contribution a été rendue possible par le fort enracinement des congrégations dans le territoire. Car par le biais des œuvres éducatives et sanitaires, les congréganistes exerçaient une grande influence sur les autochtones.

Le présent article est consacré à l’enseignement et à l’architecture des écoles congréganistes des missionnaires catholiques français à Carthage à l’époque contemporaine en mettant l’accent sur la politique scolaire et les styles architecturaux adoptés pour ces écoles. Cette étude est appuyée par l’analyse des finalités coloniales et évangéliques des missionnaires, qui permet de comprendre l’orientation de l’enseignement et le soubassement idéologique teinté d’orientalisme des choix stylistiques dans l’architecture des monuments scolaires.

Abstract

In the history of colonial Carthage in the nineteenth and twentieth centuries, a religious minority – the French Catholic congregations – contributed significantly to the modification of the social condition of the Tunisian inhabitants and, to a lesser extent to that of the Europeans. It also left its mark on the urban and architectural landscape of the city, which at the beginning of the colonial era was in ruins. This contribution was made possible by the congregations’ powerful rooting in the territory. The congregations had a great influence on the inhabitants through their educational and health works.

This article is devoted to the teaching and architecture of the French Catholic missionaries’ congregational schools in Carthage in the contemporary period, with a focus on the teaching and the architectural styles adopted for these schools. This study is supported by an analysis of the colonial and evangelical aims of the missionaries, to understand the orientation of the teaching and the ideological underpinning tinged with orientalism of the stylistic choices in the architecture of the school buildings.

الملخص

ساهمت أقلية دينية متمثلة في “المبشرين الكاثوليكيين الفرنسيين” في تاريخ قرطاج الإستعماري خلال القرنين 19 و20، إسهاما كبيرا تمثل خاصة في تغيير جوانب من الحياة الاجتماعية بالنسبة للسكان المحليين وبدرجة أقل بالنسبة للجاليات الأوروبية. كما يبرز هذا الإسهام في الحياة الحضرية حيث أثرت هذه الأقلية الدينية في المشهد الحضري والمعماري لقرطاج. إن هذا التغيير قائم على تركيز مؤسسات ومشاريع تعليمية وصحية لها تأثير على السكان المحللين.

 إن مقالتي هذه تندرج ضمن دراسة المؤسسات التعليمية الكاثوليكية بقرطاج خلال الفترة المعاصرة من خلال دراسة السياسة التعليمية والخصائص المعمارية، إن هذه الدراسة ليست بمعزل عن أهداف الحركة الإستعمارية والتبشيرية التي تعكس التوجهات التعليمية والإختيارات المعمارية “للمبشرين الكاثوليكيين الفرنسيين” التي تتماشى مع المشروع الإستعماري.

Entrée d’index

Mots-clés : Carthage – enseignement congréganiste –  architecture – colonisation – orientalisme.
Keywords: Carthage – catholic teaching – architecture – colonisation – orientalism.

الكلمات المفاتيح: قرطاج – التعليم الكاثوليكي – العمارة الإستعمارية.

Plan

Introduction
1. La naissance des écoles congréganistes françaises de Carthage
2. L’organisation et la politique scolaire de l’enseignement catholique à Carthage
3. L’architecture des écoles congréganistes à Carthage : entre domination et assimilation
Conclusion

Texte intégral

Introduction

Bien qu’ayant « toujours été considéré comme le parent pauvre du système éducatif français(1) », l’enseignement catholique français a joué un rôle important dans l’intégration de la culture occidentale au sein des pays colonisés. En Algérie et en Tunisie, grâce à l’influence de plusieurs acteurs, et notamment du puissant et influent cardinal Charles Allemand Lavigerie(2), de nombreuses écoles congréganistes se sont installées. Leur objectif avoué était la participation à l’évangélisation et à l’assimilation des populations autochtones, afin d’aider la France à s’imposer(3). En Tunisie, malgré les actions anticléricales menées par une partie des colons, et malgré la concurrence de congrégations d’autres nationalités (en particulier les Capucins italiens), les écoles congréganistes françaises scolarisaient Arabes et Européens, et leur offraient un enseignement et une éducation conformes au modèle scolaire catholique de la métropole.

Nous nous proposons dans cet article d’étudier les écoles congréganistes de Carthage pour montrer la manière dont leur implantation sur un site chargé d’histoire et de symboles chrétiens, leur organisation et leur architecture sont particulièrement signifiantes. Nous étudierons d’abord le contexte historique de cette installation; nous analyserons ensuite les programmes d’enseignement ; enfin, nous présenterons une étude architecturale et stylistique des bâtiments.

1. La naissance des écoles congréganistes françaises de Carthage

Pôle important dans l’Antiquité, Carthage a connu par la suite une longue période de déclin. Délaissé à l’époque médiévale, son territoire dans les temps modernes se limitait à deux villages arabes, Douar Echott et La Maalga, entourés de ruines antiques. Au début de la période coloniale elle était, tout comme la Marsa, la destination estivale des notables arabes, des beys et des ministres, qui venaient s’abriter de la chaleur dans leurs résidences d’été et leurs palais.

C’est avec le cardinal Lavigerie que Carthage redevient un centre d’intérêt. Il était en effet désireux de ressusciter la Carthage chrétienne, d’y installer des populations européennes et plus particulièrement des congrégations catholiques françaises, afin d’en faire le point de départ d’un ambitieux projet de christianisation des colonies africaines de la France. Pour ce faire, la colonisation pacifique a utilisé l’architecture, l’urbanisme, mais aussi et surtout l’éducation et la santé(4) comme puissants instruments d’influence. Avant même l’établissement du protectorat français sur la Tunisie, des missionnaires catholiques français ont été envoyés pour lutter contre l’influence des Capucins italiens. La première congrégation française à s’installer en 1840 à Sidi Saber à Tunis est celle des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition. L’année suivante, elles ouveraient leurs deux premières écoles de filles, l’une payante et l’autre gratuite(5).

Pour ce qui est de Carthage, on y trouvait quatre écoles catholiques, appartenant aux couvents des congrégations françaises : le collège Saint-Louis de Carthage dirigé par les missionnaires de Notre-Dame d’Afrique (les Pères Blancs), l’école des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie (dénommée Orphelinat de Sainte-Monique), l’école des Sœurs Missionnaires d’Afrique, communément appelées Sœurs Blanches (dénommée école de Notre-Dame d’Afrique, Institution Lavigerie ou Maison Lavigerie) et l’école des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition (dénommée Institution Saint-Joseph de l’Apparition).

Toutes ces institutions avaient été appelées à s’installer à Carthage par le cardinal Lavigerie. Il avait choisi avec soin l’emplacement de chaque établissement, sur un lieu de mémoire chrétienne, afin de renforcer le lien historique entre la terre de Carthage et la présence des Français. Ainsi, le premier établissement fondé par le cardinal Lavigerie à Carthage en 1879, le collège Saint-Louis, avait été installé à l’emplacement stratégique de la colline de Byrsa, et construit face à la chapelle Saint-Louis (édifiée en 1841), pour remplacer le bloc médian des dépendances de cette dernière (figure 1). Lavigerie écrit au consul général Roustan : « on attend un collège français à Tunis depuis des siècles(6) », et, de visite à Rome en 1879, il obtient l’accord du Pape pour sa construction.

Les travaux sont commencés alors que le cardinal est encore en Algérie, et ont été supervisés par le consul général Roustan. Le chantier est initialement confié au groupe de travaux publics E. Arnoux et M. Morana et à l’architecte Gilié. Mais ce dernier n’ayant pas respecté les délais annoncés, le cardinal Lavigerie reporte l’inauguration du collège à octobre 1879 et désigne comme nouvel architecte et le premier auquel il fait appel : Philippe Caillat. Engagé sur un autre chantier d’envergure, celui du chemin de fer, il avait d’abord décliné la proposition du cardinal(7). Ce changement a encore retardé l’inauguration d’un an, à octobre 1880. Les Pères Blancs souhaitaient que le collège soit inauguré en l’état à la date annoncée, avant même la fin des travaux, mais le cardinal Lavigerie a refusé : « […] Pour notre honneur et celui de la France, […], je préfère de beaucoup pour ma part retarder le commencement de notre œuvre que du mal inaugurer. Les Pères de Saint-Louis m’écrivent dans un sens contraire. Mais je ne me laisserai pas forcer la main par un empressement qui ressemble à un enfantillage(8) ».

L’inauguration a finalement lieu en décembre 1880 (figure 2). Le collège accueille d’abord 25 élèves de différentes nationalités dont quatre israélites et huit musulmans(9). Parmi ces élèves, « le fils de M. Read, consul général d’Angleterre ; quelques autres Anglais ; le fils du général Bakkouch, ministre du Bey […] [et les] deux petits-fils de Taïeb Bey, frère du Bey(10)». Bien qu’apprécié par les élèves et leurs familles pour l’éducation solide qu’il offrait, le collège a été transféré dès 1882 à Tunis, sur décision du cardinal Lavigerie(11). Le collège initial n’accueillait que des internes, ce qui était un obstacle pour plusieurs familles, et de plus, il fallait contrer l’influence du collège italien. Le nouveau collège français, nommé Saint-Charles (actuel lycée Bourguiba, anciennement lycée Carnot), a vu augmenter rapidement le nombre le nombre de ses élèves.

Le deuxième établissement scolaire catholique de Carthage dépendait des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique (les Sœurs Blanches). Celles-ci étaient arrivées à la Régence de Tunis en 1882, et s’étaient installées à Carthage en 1900, dans un établissement dénommé « Maison Lavigerie(12) » (aujourd’hui lycée Hannibal de Carthage). Implanté sur la colline de Junon, le bâtiment était autrefois entouré de champs et de ruines antiques comme en témoignent les voûtes romaines et la maison de chasse aux sangliers (figure 1). De nos jours, les limites physiques du bâtiment sont respectivement comme suit : du côté sud-est, l’impasse Junon ; du côté ouest, la rue Énée, qui est un cul-de-sac ; des côtés nord et nord-ouest, l’avenue Didon(13). Le couvent est construit sur la parcelle « Ommek Latifa », achetée par le cardinal Lavigerie le 13 décembre 1884, pour 7 000 piastres(14) (figure 3).

Les élèves des Sœurs étaient des musulmanes et des Européennes. Les Sœurs disposaient d’un collège congréganiste et d’un pensionnat. En 1961, la Maison Lavigerie est devenue un collège de régime tunisien, dénommé « Errabwa » (la colline)(15). En 1966, le collège des Sœurs Blanches « est fermé sur la demande du Ministère de l’Éducation qui en avait besoin. Il était alors fréquenté par 324 jeunes filles tunisiennes(16) ».

Fig. 1 : Plan de situation du collège Saint-Louis et de la Maison Lavigerie.
Source. Extrait du plan d’aménagement de la ville de Carthage, 2013, feuille n° 54.

Fig. 2 : Façade du musée Lavigerie (jadis le collège Saint-Louis de Carthage).
Source. C.A.D.N(17), 1 AE/108/14-21.

Fig. 3 : La Maison Lavigerie des Sœurs Blanches.
Source. A.G.S.M.A, fonds photographiques.

Le troisième établissement catholique de Carthage appartenait au couvent dit des « Larmes de Sainte-Monique(18)» des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie(19) (les Moniquettes). Il était situé à Sainte-Monique, à l’emplacement de l’actuel Institut Supérieur des Hautes Études Commerciales à Carthage Présidence (figure 4). Le couvent a été fondé en 1885 par le cardinal Lavigerie, qui avait acheté le palais de Saḥab Ettabaᶜ pour y accueillir les moniales. Les Sœurs ont ensuite réalisé des travaux de restauration pour fonder leur orphelinat et assurer un enseignement primaire et ménager pour les Européennes. Le palais est loué par les Sœurs jusqu’en 1887, date à laquelle la supérieure, la Mère de Saint-Esprit, décide de l’acheter. Le montant total, 105 000 francs, est payé en totalité en 1890(20) (figure 5).

Fig. 4 : Plan de situation du couvent des Moniquettes (l’actuel IHEC).
Source. Extrait du plan d’aménagement de la ville de Carthage, 2013, feuille n°45.

Fig. 5 : Couvent des Moniquettes.
Source : www.delcampe.net.

Enfin, le quatrième établissement, l’institution Saint-Joseph de l’Apparition. Il est, aujourd’hui, situé dans le domaine du palais présidentiel à Carthage Présidence (figure 6). Cette congrégation s’est installée à Carthage en 1911, et y a assuré un enseignement primaire et secondaire avec pensionnat(21).

Fig. 6 : Plan de situation de l’institution Saint-Joseph de l’Apparition.
Source. earth.google.com.

Ainsi, l’enseignement catholique, primaire et secondaire, à Carthage était assuré par des congrégations masculine et féminines, et accueillait des élèves européens et autochtones. Nous allons à présent décrire l’organisation et la politique scolaire de ces établissements.

2. L’organisation et la politique scolaire de l’enseignement catholique à Carthage

Les congrégations catholiques visaient deux cibles : les enfants chrétiens baptisés, auxquels il fallait offrir un enseignement chrétien, et les enfants non chrétiens de toutes confessions et de toutes nationalités, auxquels il faut « faire acquérir, par l’exemple du comportement des enseignants et par de subtiles leçons de morale, une vision positive du christianisme, religion d’amour et de charité(22) ». Pour les familles musulmanes, cet enseignement, par la variété des matières enseignées, surpassait largement celui des kouttabs et medrassas, par ailleurs réservés aux seuls garçons. Certains cours étaient adaptés aux musulmans, comme l’apprentissage du Coran, et l’apprentissage d’un savoir-faire artisanal tunisien. Nous présentons dans ce qui suit le programme scolaire de chaque établissement, à l’exception du collège Saint-Louis, pour lequel les données archivistiques sont manquantes.

2.1- Enseignements assurés à l’Institution Lavigerie

Deux types d’enseignement étaient proposés par les Sœurs Blanches(23) : l’enseignement pédagogique et l’enseignement technique. Le premier est offert aux enfants de la haute société tunisienne et aux Européennes, qui suivent des cours par niveau dans une école dotée d’un pensionnat. Le second est organisé au sein d’un ouvroir (de tapis, de dentelle arabe et de vannerie) pour les autochtones et les Italiennes, et d’un cours d’infirmerie pour jeunes filles « indigènes »(24).

2.1.1- L’enseignement pédagogique

La Maison Lavigerie accueillait les fillettes tunisiennes (de 6 à 10 ans), et européennes (de 6 à 14 ans). Le programme est conforme à celui de l’enseignement français, réparti entre trois: celle de Mlle Buret (Brevet élémentaire ou BE, Brevet supérieur ou BS et certificat d’aptitude professionnelle ou CAP) ; celle de Mlle Doignon (BE) et celle de M. de Romont (BE). Les élèves sont au choix externes ou internes (maximum 40 internes, entre 6 et 17 ans).

Durant l’année scolaire 1921-1922, l’internat a accuielli 30 enfants et en 1923, 38 filles. En général, les internes étaient des enfants de familles françaises. La pension mensuelle était de 25 francs pour les petites et de 30 francs pour les grandes (à partir de 12 ans). En plus de la pension, les parents payaient 2 francs par mois de fournitures classiques. L’entretien du linge et des chaussures étaient également à leur charge. Les parents pouvaient voir leurs enfants les dimanches matin de 8 à 11 h sauf le premier dimanche du mois(25).

Les Sœurs disposaient, également, d’un pensionnat, réservé aux filles de la haute société tunisienne. À la rentrée du 22 septembre 1930, toutes les élèves inscrites étaient des filles de notables ou de beys : on trouvait ainsi la princesse Khadija Lamine Bey et Asma Baccouche. On y trouvait en 1937 « 22 religieuses, les classes étaient composées de huit pensionnaires et 75 externes musulmanes(26) ». En 1941-1942, une autre école élémentaire privée de filles, avec pensionnat, a ouvre ses à la Maison Lavigerie. Dirigée par Jacqueline Meric de Bellefond, en religion Sœur Saint-Martial, elle reçoit en 1942 une centaine d’enfants. « En 1951, les Sœurs ont eu l’autorisation d’ouvrir un cours d’enseignement ménager annexé à l’école de filles dirigée par Mme Odile Jomie(27)».

Les élèves suivaient deux heures de cours en classe le matin et deux heures l’après-midi. Les Européennes avaient une demi-heure de catéchisme et d’histoire sainte dispensée par l’aumônier de la congrégation(28). Trois heures par semaine étaient consacrées aux travaux manuels (lessive, repassage, cuisine, ménage, couture, etc(29)). Sur demande, les Sœurs assuraient également des leçons particulières de piano, de sténographie, de dactylographie et de travaux d’art. Les bénéficiaires de ces leçons étaient quelques musulmanes, mais surtout les Européennes, principalement les Françaises, pour la plupart soit orphelines de père ou de mère, soit dont le père était à l’armée. Il s’agissait de faire de ces Européennes « avec de solides chrétiennes, des jeunes filles sérieuses, à même de faire du bien dans leur famille et dans le monde par l’ascendant d’une bonne éducation(30) ». Pour ce qui est des musulmanes, les archives donnent les noms de Fatma Lagha du Kram, de Fadia Baccouche de Douar-Echott, et de Moufida Bssaïess de La Marsa, qui suivaient des cours particuliers de travaux d’art(31). De leur côté, les élèves musulmanes en 1945-1946, avaient un enseignement obligatoire d’arabe et de Coran. Par ailleurs, toutes les élèves pratiquent une activité physique, sous la direction du professeur de gymnastique Vié, assisté d’une monitrice formée par ses propres soins(32). Enfin, toutes les élèves fréquentent régulièrement la bibliothèque du couvent, et profitaient de la séance de cinéma offerte par la salle paroissiale.

Les tableaux ci-dessous montrent la répartition des enseignements, lesquels incluaient sciences et lettres(33).

Tableau 1 : Programme hebdomadaire du cours préparatoire.
Source. A.G.S.M.A, C 5020/2.

Tableau 2 : Programme hebdomadaire du cours élémentaire.
Source. A.G.S.M.A, C 5020/2.

Tableau 3 : Programme hebdomadaire du cours moyen .
Source. A.G.S.M.A, C 5020/2.

2.1.2- L’enseignement technique : l’ouvroir des « indigènes »

Soucieuses de se rapprocher des populations « indigènes » et de s’en faire bien voir, tant pour leur mission apostolique que pour leur mission civilisatrice, les Sœurs avaient mis en place un enseignement technique. Dans le cadre d’un ouvroir « indigène », aidées par des monitrices auxiliaires (autochtones et européennes), les Sœurs Blanches apprenaient aux femmes et aux enfants des métiers d’art, très appréciés des familles arabes. Les élèves arrivaient vers sept heures du matin, travaillaient toute la journée, en déjeunant sur place, et retournaient au village vers cinq heures du soir. Le vendredi était jour de congé(34).

L’ouvroir de Carthage offrait une triple formation : professionnelle – broderie, tissage et vannerie–, scolaire– lecture, écriture, couture, tricot et école ménagère– ainsi que morale– leçons de morale quotidiennes de quinze à vingt minutes, dispensées par les Sœurs lors du rassemblement matinal, avant de présenter le programme de la journée. Les élèves se dirigeaient ensuite vers leurs classes respectives.

La formation scolaire se déroulait en groupes d’âge : les moins de huit ans, les 8-10 ans, les 10-12 ans et les plus de 12 ans.  Elle alternait des séances en classe, et des leçons hors de la classe, sauf pour les plus jeunes, qui ne quittaient pas leur classe. Les 8-10 ans commençaient leur journée par une leçon de couture et de tricot. Les 10-12 ans allaient en classe jusqu’à dix heures, pour apprendre la lecture et l’écriture, puis suivaient les leçons de couture et de tricot(35). Les plus grandes suivaient le programme de l’école ménagère et faisaient le ménage à tour de rôle.

Enfin, la formation professionnelle consistait essentiellement en apprentissage de la dentelle arabe. De temps à autre, les élèves préparaient la laine pour les tisseuses. Seules trois ou quatre grandes les formaient sérieusement au tissage, qu’elles enseignaient par la suite aux plus jeunes. En 1914, l’ouvroir recevait 20 enfants et 6 femmes. En 1915, 24 fillettes de six à quatorze ans venaient régulièrement tous les jours(36). Durant cette année, les tisseuses ont confectionné plus de 200 pièces de dentelle, toutes vendues (dont une parure d’autel, deux services de table, 2 cache-maillots, 18 bonnets, 48 bavettes, 38 cols, 54 mouchoirs, 3 couvertures et 24 coussins). Leur salaire variait selon les pièces confectionnées et se montait à environ un franc par jour. Elles pouvaient gagner 4 à 5 francs par semaine et étaient payées le samedi. Cette petite industrie était très importante pour les Sœurs, qui auraient bien voulu agrandir l’ouvroir, mais manquaient de fonds pour cela.

En 1918, 15 fillettes viennent régulièrement, et en 1920-1921, elles sont 40. En 1922, sur 45 inscrites, 35 à 40 sont quotidiennement assidues. En 1930, elles sont 100, et 50 anciennes élèves plus âgées travaillent à domicile, parmi lesquelles 20 filaient la laine et vingt confectionnaient des ouvrages de vannerie(37). Une même salle sert aux dentellières et aux tisseuses, sous la supervision de deux Sœurs,une pour chaque activité (fig. 7).

Fig. 7 : Ouvroir des Sœurs Blanches à Carthage.
 Source : A.G.S.M.A, fonds photographique.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le nombre d’enfants diminue, et l’ouvroir « indigène » en accueille seulement quinze. En février 1942, la classe des enfants de l’ouvroir est déclarée annexe du pensionnat dirigé par la Sœur Caritas B.E.(38). En 1951, l’ouvroir de dentelle est transféré au grand dortoir des retraitantes et l’ancien ouvroir est partagé en deux : classe enfantine et classe élémentaire. Le tableau ci-dessous (tableau 4) montre les produits fabriqués en 1923 par les élèves.

Tableau 4 : Les produits fabriqués par les élèves en 1923.
Source. A.G.S.M.A, C 5020/2.

Vers la fin de la colonisation, en 1954, la Maison Lavigerie accueillait 260 élèves. L’école comportait 8 classes, dont une classe enfantine (dirigée par la sœur St Genès), une classe préparatoire (dirigée par la sœur Jeanne Thérèse) et une classe élémentaire (dirigée par la Sœur Rostagno). De leur côté, les ateliers de tapisserie, broderie et dentelle regroupaient 120 fillettes(39).

2.2- Enseignements assurés par les Moniquettes

Les œuvres des Moniquettes comprenaient une école, un orphelinat et un dispensaire. Elles assuraient également des visites à domicile. D’abord, elles avaient un Pensionnat puis un orphelinat de filles ainsi qu’elles assuraient un enseignement primaire jusqu’au Certificat d’études(40).

En 1923, elles ont ouvert un atelier d’art « indigène », sur le modèle de l’ouvroir des Sœurs Blanches, où les élèves apprenaient la broderie, la dentelle et la couture. Pour ce qui est de l’orphelinat, il accueillait en 1932, 120 orphelines et une dizaine de petits garçons, le plus âgé ayant alors six ans(41). En 1934, il n’y avait plus que 119 orphelines(42). En 1937, on y trouvait 150 orphelins, dont 20 garçons(43). À partir de 1938, l’orphelinat n’a plus accueilli de petites musulmanes, et celles qui y étaient ont été transférées chez les Sœurs Blanches de La Marsa(44). Enfin, l’école comprenait en 1934 deux classes : un cours élémentaire et un cours moyen. Les 92 élèves de l’école préparaient le certificat d’études sous la direction des Sœurs(45). Parmi ces élèves, on comptait des orphelines : en effet, la majorité d’entre elles étaient scolarisées, et une petite quinzaine se contentait de suivre les cours d’arts ménagers.

Fig. 8 : Atelier des dentelles de Sainte-Monique, 1909.
Source. A.G.F.M.M. Fonds photographique.

Fig. 9 : Orphelinat de Sainte-Monique, cours moyen, 1930.
Source. A.G.F.M.M. Fonds photographique.

2.3- Enseignements assurés par les Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition

En 1924, les Sœurs ont obtenu, par décret daté du 12 janvier, l’autorisation d’ouvrir une école congréganiste privée avec pensionnat à Carthage, dirigée par Mme Guimard(46) (figure 10). En réalité, l’école était ouverte depuis 1923(47). En 1942, elles ont eu l’autorisation d’ouvrir une école secondaire avec pensionnat(48) dirigé par Mlle Jeanne Montchamp. Les Sœurs finançaient leurs écoles grâce aux frais de scolarité.

Les Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition ont accueilli entre 1923 et 1949, 1400 élèves (1140 filles et 260 garçons) dont 350 étaient scolarisés gratuitement et 1050 payants(49). En 1949, le nombre s’élève à 240 élèves (46 internes et 194 externes) encadrés par sept religieuses(50). Entre les deux dates, 20 élèves ont obtenu leur brevet élémentaire, 61 leur certificat d’études et 90 leur brevet sportif populaire(51).

Fig. 10 : Décret du 12 janvier 1924.
 Source. A.N.T, Série E, Carton 271, dossier 1, sous-dossier 5.

Sur le territoire de Carthage, les différentes congrégations catholiques assuraient ainsi un enseignement de base pour filles et garçons de toutes nationalités et de toutes religions. Le tableau ci-dessous présente un aperçu des élèves et du personnel de ces différentes institutions pour l’année scolaire 1949-1950 (tableau 5). Cette politique scolaire, conjointement aux autres œuvres des missionnaires, permettait de gagner la confiance des familles et d’assimiler les enfants, et en particulier les orphelins. Cette volonté d’assimilation se traduisait aussi dans l’espace scolaire. L’architecture des écoles, par ses choix stylistiques, ses finalités symboliques et identitaires, illustrait d’une autre manière le projet colonial et évangélique des congréganistes.

Tableau 5 :L’enseignement primaire et secondaire à Carthage durant l’année scolaire 1949-1950.
Source. A.P.T. Dossier Enseignement 2.

3. L’architecture des écoles congréganistes à Carthage : entre domination et assimilation

Les écoles congréganistes de Carthage faisaient partie des couvents des missionnaires. Elles représentaient donc la partie scolaire d’un édifice religieux comportant par ailleurs un lieu d’habitation, un lieu de culte (chapelle ou église), ainsi que d’autres espaces, comme le dispensaire, ou les pièces à usage locatif (chez les Sœurs Blanches). Le collège Saint-Louis était en revanche antérieur aux édifices à usage religieux des Pères Blancs et seul le couvent des Moniquettes a subi des rajouts et des extensions après son achat.

Comme tous les lieux de culte, l’architecture de ces édifices obéit à des codes et à des normes, et tient compte en particulier de la nature de la congrégation : les congrégations contemplatives sont par vocation plutôt repliées sur elles-mêmes, tandis que les congrégations actives qui assurent des missions éducatives et hospitalières ont des contacts fréquents avec le monde extérieur. Les espaces de ces différentes congrégations n’ont donc pas les mêmes fonctions, ni la même architecture.

3.1- Fonctionnalité des plans et exigences congréganistes

Le programme fonctionnel des écoles congréganistes de Carthage comprenait les sous-espaces suivants : des salles de classe, un réfectoire, un dortoir, une ou plusieurs cuisines ainsi qu’une chapelle pour les élèves chrétiens et les visiteurs (en plus de la chapelle privée des congréganistes). Le collège Saint-Louis disposait de plus d’une salle de lecture. La communication entre ces différents espaces est tributaire de leur interdépendance et de la nature de la congrégation.

Le nombre de salles de classe dépend de la superficie, du nombre d’élèves, et du nombre de niveaux scolaires. Ces salles étaient généralement des pièces de forme rectangulaire ou carrée, dotées d’ouvertures fenêtres rectangulaires en persiennes (école des Moniquettes) ou d’ouvertures fenêtres en arc brisé ou outrepassé (collège de Saint-Louis et Maison Lavigerie). Le sol était recouvert de carreaux de ciment (école des Moniquettes et Maison Lavigerie) ou en marbre blanc importé d’Italie (collège Saint-Louis, Maison Lavigerie).

Les couvents étaient configurés soit en I, soit en U, soit en O. La configuration en U se retrouve dans la Maison Lavigerie et dans le couvent des Moniquettes, si l’on fait abstraction de la chapelle ; la configuration en I est visible au collège Saint-Louis de Carthage et à l’Institution des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition ; enfin la configuration en O apparaît au couvent des Moniquettes lorsqu’on considère l’intégralité du bâtiment, chapelle comprise.

La configuration en U de la Maison Lavigerie correspond aux exigences d’une congrégation ouverte sur le monde : le couvent se constituait d’un rez- de chaussée et d’un étage, abritait une zone d’habitation des Sœurs, une zone réservée à l’enseignement et une zone louée pour l’été aux estivants (qui représentait une appréciable source de revenus pour les Sœurs). C’est une configuration symétrique : l’axe de symétrie de la composition se confond avec l’axe d’accès principal et avec l’axe de la chapelle des Sœurs. L’accès principal est commun aux Sœurs et aux visiteurs du couvent. Toutefois, les Sœurs disposaient de deux accès latéraux leur permettant d’accéder directement aux ailes. Les deux niveaux du couvent étaient constitués de pièces de part et d’autre d’un large couloir.

Au rez-de-chaussée, « l’aile droite, réservée à l’éducation des musulmanes, abritait une salle de classe (5.70m x 4.50m), une salle de coupe et couture (10m x 6.40m) et une cuisine (6m x 4.60m)(52) ». Quant à l’aile gauche, elle abritait le lieu d’habitation des Sœurs Blanches. Au niveau de l’étage, la partie gauche était consacrée aux les appartements des locataires, et d’autres salles de classe, et la partie droite contenait le dortoir des pensionnaires (dessin 1).

Dessin. 1 : Zoning de la Maison Lavigerie.
Source : Dessin de l’auteure(53).

Quant au couvent des Moniquettes, il se configure en O, pour donner naissance à une cour intérieure pour la récréation des enfants (cours des palmiers). Le lieu d’habitation des sœurs était la maison cubique composée d’un rez de chaussée et deux étages. Ensuite, elles ont rajouté des pièces de part et d’autre de cette maison formant ainsi les unités latérales du couvent. Face à la maison cubique, c’est la chapelle du couvent dont la façade postérieure ouvrant sur le cours des palmiers qui complète la forme O du plan du couvent (dessin 2).

Chacune des unités latérales en rez-de-chaussée comptaient des salles de classe, une cuisine, un réfectoire et des dépendances. Toutes ces pièces ouvraient sur la cour des palmiers.

Dessin. 2 : Zonings du couvent des Moniquettes.
Source : Dessin de l’auteure(54).

Pour ce qui est des bâtiments configurés en I, nous n’en analyserons qu’un seul, le collège Saint-Louis de Carthage : en effet, nous ne disposons pas d’informations sur l’Institution des Sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition (figure 11).

Fig. 11 : Photo illustrant l’extérieur de l’institution Saint-Joseph de l’Apparition.
Source. C.A.A.P(55), n°21/50, 1949-1957, fonds Jacques Marmey, lycée de Carthage, Tunisie.

Le bâtiment du collège Saint-Louis de Carthage a la forme d’un parallélépipède. Il se compose d’un sous-sol, d’un rez-de-chaussée et d’un étage. Il possédait deux accès : le premier ouvrait sur le jardin et la chapelle Saint-Louis de Carthage, et le second ouvrait sur la cour du couvent des Pères Blancs. Le programme fonctionnel du collège abritait au rez-de-chaussée une salle de lecture, des salles de classe, un réfectoire et une cuisine. L’étage comportait un dortoir collectif et dix chambres.

En accédant par la façade du patio, nous trouvons au niveau du rez-de-chaussée un carré de distribution (4.90m×6m) menant du côté droit, à une cage d’escalier suivie d’une salle de lecture rectangulaire aménagée de 12 tables (4.50m×1m). Chaque table est prévue pour six élèves ayant chacun un pupitre de 0.75m de largeur sur 0.60m de profondeur. Quant à la chaire du professeur, ses dimensions étaient de 4.50m×1.50m. À gauche de l’entrée, on trouvait cinq salles de classe alignées et ouvrant sur un corridor de dimensions 16,20m×1.80m. Quatre salles étaient de dimensions 4.20m×4m, la cinquième de dimensions 6m×3.6 m. Toutes ces pièces étaient aménagées avec trois tables (3m×1m), prévues pour quatre élèves.

Parallèlement aux salles, s’organisaient respectivement de gauche à droite les pièces ouvrant sur la façade du jardin : la cuisine de dimensions 7.70m× 5.27m suivie du réfectoire ouvraient sur le corridor partagé avec les salles de classe. De l’autre côté de l’entrée, il y avait une grande salle de dimensions 21.15m×7.70m, séparée du réfectoire par un passage donnant sur le jardin de la chapelle, passage de dimensions 4.90m×7.70m. Ce réfectoire faisait 15.75m de longueur sur 7.7m de largeur. De part et d’autre, sur la largeur de la salle, deux tables alignées de 10m×1.50m étaient destinées aux élèves, tandis qu’une table de 5.70m×1.50m était destinée aux professeurs. Il faut y ajouter une chaire pour le lecteur et une table de service(56) (dessin3).

Dessin. 3 : Zoning du rez-de-chaussée collège Saint-Louis de Carthage.
Source : Dessin de l’auteure(57).

Quant à l’étage, il était réparti en deux rectangles parallèles sur toute la longueur. Le premier rectangle du côté de la façade du patio comprenait une dizaine de chambres alignées qui communiquaient par un corridor. De l’autre côté de ce dernier, sur toute la longueur de l’étage, s’organisait le dortoir de dimensions 48m×7.20m et d’une hauteur sous plafond de 5.42m. Le dortoir contenait deux rangées de 30 lits et un espace réservé à la surveillance(58). notre visite corroborant les documents d’archives a permis de constater que le sol du bâtiment était en marbre et en carreaux de mosaïques(59) et les murs dénués d’intervention murale à l’exception des percements des baies (dessin 4).

Dessin. 4 : Zoning de l’étage du collège Saint-Louis.
Source : Dessin de l’auteure(60).

Ainsi, chacun de ces couvents était organisé de manière adaptée aux besoins de ses habitants et de ses usagers éphémères. Il nous reste à voir sur le plan tridimensionnel l’aspect stylistique de ces monuments et ses finalités symboliques.

3.2- Les styles architecturaux comme moyen d’intégration socio-spatiale

Pour construire leurs édifices à Carthage, les missionnaires catholiques français ont utilisé des styles architecturaux relevant de stratégies diverses : imitation, invention et appropriation. Il y a eu ainsi imitation des styles importés de la métropole, avec l’éclectisme, mais aussi avec le réemploi de styles locaux d’une manière revisitée et en harmonie avec les styles occidentaux : cette politique avait été précédemment utilisée en Algérie et au Maroc(61). De ces différentes tendances est né un mouvement mariant l’Orient à l’Occident : l’orientalisme ou arabisance(62), qui a fait son apparition en Tunisie vers la fin du XIX° siècle, et dont le collège Saint-Louis de Carthage est une des premières illustrations.

De son côté, le bâtiment des Moniquettes était au départ un palais de style néo-mauresque, le palais Saḥab Ettabaᶜ. Les Sœurs l’ont modifié et en ont fait un bâtiment de style néo-classique, comme le montrent les encadrements d’ouvertures fenêtres à clef en agrafe (ornant le palais et les salles de classe) et les chaînes d’angles harpée en pierre (figure 12). L’emploi des styles de la métropole correspond à une volonté de traduire dans l’architecture la domination et le pouvoir de la France sur ses colonies. À l’opposé, l’utilisation de l’orientalisme indique une volonté d’assimilation des populations indigènes. Ainsi, les écoles congréganistes de Carthage représentaient dans leurs choix architecturaux et stylistiques cette tension entre domination et assimilation.

Fig. 12 : Façade de la maison d’habitation des Moniquettes.
Source. A.G.F.M.M, Fonds photographique.

3.2.1– L’orientalisme : un style « arabe » pour une architecture catholique française

L’orientalisme est un style qui se définit comme « un ajustement d’éléments architecturaux européens à un registre stylistique arabe et d’une adaptation d’éléments architecturaux arabes à des rôles européens (63)». Ce style a été utilisé dans de nombreux monuments de la Régence, de catégories diverses entre architecture domestique, institutionnelle, officielle et religieuse dont des bâtiments catholiques à savoir la cathédrale primatiale de Carthage. En effet, « le métissage entre l’iconographie liturgique universelle et locale de l’Église par l’introduction de motifs et d’une ornementation inspirée du monde arabe permettait alors aux non-chrétiens d’assimiler davantage [ces lieux] et évitait les possibles réactions de rejet(64)».

L’utilisation de l’orientalisme en architecture religieuse était mal vue par de nombreux religieux catholiques, qui y voyaient une forme de rébellion, et considéraient que « l’introduction de l’art arabe […] apparaissait comme une dévalorisation de l’art chrétien et comme un style incompatible avec l’Église catholique(65) ». Néanmoins, le cardinal Lavigerie avait choisi d’introduire ce style en architecture religieuse, mais il en avait fait le mode de vie de sa congrégation : les Pères Blancs s’habillaient en burnous et chéchia, comme les autochtones, et devaient apprendre et utiliser au quotidien la langue arabe. En effet, le cardinal estimait que l’Église se trompait en employant l’iconographie occidentale dans le monde oriental : « la faute capitale commise en Orient est de témoigner aux Orientaux de l’éloignement et du mépris pour leurs rites, et de vouloir les latiniser en les faisant entrer dans l’Église(66) ».

Par le biais de l’orientalisme, le cardinal voulait familiariser les autochtones avec les constructions françaises, afin de leur permettre de s’approprier cette architecture, et, ce faisant, de mieux accepter les Français. D’autre part, le recours à ce style permettait aux Français de gagner davantage la confiance des autochtones, d’installer un style architectural qui leur ressemblait et s’insérait harmonieusement dans l’architecture du pays. C’est une stratégie intelligente que met en place le cardinal, pour faciliter l’assimilation des autochtones mais aussi pour une Église autochtone. Cette logique d’adaptation réduisait les distances entre chrétiens et autochtones par le biais d’une architecture a priori étrangère à la civilisation et la religion officielles du pays.

Il lui fallait aussi permettre aux congréganistes de se sentir chez eux en pays étranger : pour cela, la dimension religieuse des monuments était mise en évidence grâce à l’utilisation des éléments architecturaux religieux catholiques tels que les clochers murs en façade des accès principaux. Ces clochers murs permettaient par ailleurs de traduire le pouvoir et la domination de l’Église sur le territoire de Carthage. On est face à un métissage entre les éléments architecturaux propre à l’Église catholique et les éléments stylistiques de l’architecture néo-mauresque de la Régence de Tunis.

3.2.2. Les caractéristiques stylistiques relevant de l’orientalisme dans les écoles congréganistes à Carthage

Le style orientaliste est représenté dans les écoles congréganistes de Carthage au collège Saint-Louis et à la Maison Lavigerie. Les façades néo-mauresques, la symétrie axiale, la série d’arcades brisées outrepassées ainsi que les encadrements d’ouvertures fenêtres en arcs brisés outrepassés ou en plein cintre font parties des caractéristiques majeures de ce style.

Le collège Saint-Louis, ultérieurement transformé en musée Lavigerie, était le premier monument carthaginois de style arabisance, avec ses façades à symétrie axiale. Tout le bâtiment était coiffée d’une corniche à créneaux néo-mauresques. La travée médiane de la façade principale était en saillie par rapport aux parties latérales. On y trouvait une galerie en série d’arcades brisés outrepassées et des ouvertures en arcs outrepassés (dessin 5).

De son côté, la Maison Lavigerie était coiffée de créneaux néo mauresques, la travée de la porte d’accès était en saillie par rapport aux parties latérales de la façade. Le portail était protégé d’un auvent en tuile verte de Nabeul et les ouvertures fenêtres étaient en arcs brisées outrepassés. C’était une composition symétrique avec un rythme animé par les travées et les trumeaux de la façade (dessin 6).

Ces édifices du style orientaliste, étaient aussi embellis d’une touche occidentale à travers l’utilisation des persiennes d’inspiration italienne, ou encore des détails à aspect religieux facilitant l’identification de l’édifice. Cette dimension religieuse était notamment indiquée grâce à « [l’]oculus représentatif de l’art chrétien roman ou gothique et [au] clocher-mur(67)». 

Dessin. 5 : Façade du collège Saint-Louis de Carthage.
Source : Dessin de l’auteure.

Dessin. 6 : Façade principale de La Maison Lavigerie.
Source : Dessin de l’auteure
.

Conclusion

Les écoles congréganistes ont joué un rôle important dans la colonisation française. Elles ont permis la propagation de la culture occidentale, le rapprochement des colonisateurs français avec les populations locales, et ont ainsi facilité la présence française dans la Régence de Tunis. En concurrence avec les écoles publiques et avec les écoles congréganistes italiennes, l’enseignement congréganiste français à Carthage ciblait à la fois les populations chrétiennes, sans distinction de nationalité, la haute société tunisienne, et les « indigènes » de divers milieux sociaux. À Carthage, les Sœurs Blanches se chargeaient essentiellement des populations arabes, tandis que les Sœurs de Saint-Joseph et les Moniquettes accueillaient toutes les nationalités. La mission éducative permettait de gagner la confiance de la société tunisienne, confiance qui permettait la réussite de la mission évangélique. Volontairement en retrait des conflits politiques, « durant la Seconde Guerre Mondiale et par la suite, les écoles congréganistes s’imposèrent de rester en dehors de tous les problèmes politiques qui existaient entre la France et les mouvements tunisiens d’opposition. Elles continuèrent leur tâche d’éducation sans discrimination(68) », elles ont donc pu assurer leur mission éducative et s’imposer comme le meilleur choix pour les familles tunisiennes.

Le choix de l’implantation de ces écoles congréganistes à Carthage, sur un site chargé d’histoire antique et chrétienne, et d’une construction dans un style architectural mêlant l’Orient à l’Occident est révélateur de l’habileté du cardinal Lavigerie, et de l’importance de son projet évangélisateur, initié en Tunisie, et voué à s’étendre à toute l’Afrique francophone subsaharienne.

Bibliographie

Archives Nationales de Tunisie

Série SG, Sous-série 4, Carton 3, Dossier 29, Note concernant le dispensaire des sœurs missionnaires de notre-dame de Carthage (Maison Lavigerie), 1954.
Série SG, Sous-série 5, Carton 304, Dossier 25, Projet d’arrêté autorisant Mme Jomier Odile à ouvrir et à diriger un cours d’enseignement ménager annexé à l’école des filles de la maison Lavigerie à Carthage, 1952.
Série E, Carton 263, Dossier 18, Enseignement public, écoles primaires avec internat, 1907.
Série E, carton 271, dossier 1, sous-dossier 5, Décret du 12 janvier 1924 portant sur la création d’une école congréganiste privée de jeunes filles avec pensionnat à Carthage, 1923-1946. 

Archives de la Prélature de Tunis

Carton Enseignement 1, 1954/1962, nombre des élèves des écoles congréganistes 1960-1961, problèmes posés à l’enseignement catholique 1960, tableaux : effectifs scolaires correspondance au sujet de M. Mechaud (1885/1886).
Carton Enseignement 2, Écoles catholiques en Tunisie (1949/1952,1965/1966), effectifs scolaires 1949/1950.
Carton Enseignement 4, Texte imprimé : L’enseignement en Tunisie ; Collège Saint Louis correspondance 1881 ; Collège Saint Louis 1879, 1881/1882 ; Lettres au sujet de la construction d’un collège, 1879, 1881 et 1882.

Centre d’Archives d’Architecture du XXe siècle à Paris

N°21/50, (1949-1957), fonds Jacques Marmey, lycée de Carthage, Tunisie.

Centre des Archives Diplomatiques de Nantes

1AE/108/14-21, Tunisie, collection Gandini, fonds photographique.

Archives Généralices des Sœurs Missionnaires d’Afrique à Rome

Fonds photographique.
Dossier A 5020, Sous dossier 2, Carthage, correspondances et documents, projet hôpital indigène (1900-1901).
Dossier B 5020, Sous-dossier 2, Carthage -Lavigerie, correspondances.
Dossier B 5020, Sous- dossier 3, rapports sur les œuvres de Carthage
Dossier C 5020, Carthage-Lavigerie :
Sous-dossier 2, Correspondances et documents.
Sous-dossier 3, Rapports annuels.
Sous-dossier 5, Rapports annuels.
Sous-dossier 71, Cahiers de renseignement (1937-1966)

Archives Généralices des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie à Rome

Fonds photographique
Tunisie, Carthage/ Sainte-Monique,
Province de l’Assomption n°3, boîte 17, Lettres annuelles de France Sud, Algérie, Tunisie.

Sources et références 

ARNOULET François, 1994, « L’enseignement congréganiste en Tunisie aux XIXe et XXe siècles », In Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°72. Modernités arabes et turque : maîtres et ingénieurs. pp. 26-36, DOI : https://doi.org/10.3406/remmm.1994.1650 
https://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1994_num_72_1_1650.
BÉGUIN François, 1983, Arabisances, décor architectural et tracé urbain en Afrique du Nord, 1830-1930, Dunod, Paris.
DIRÈCHE Karima, 2008 , « Les écoles catholiques dans la Kabylie du XIXe siècle », In Cahiers de la Méditerranée [en ligne], 75 | 2007, mis en ligne le 21 juillet 2008, consulté le 30 septembre 2016.

URL : http://cdlm.revues.org/3333.
DORNIER François, 2000, Les catholiques en Tunisie au fil des ans, Imprimerie Finzi, 2000, Tunis
JARRASSÉ Dominique, 2006, « L’orientalisme architectural et l’église », In L’architecture religieuse au XIXe siècle : entre éclectisme et rationalisme, éd. Presses Paris Sorbonne, Paris, p. 57-68.
KLEIN Félix, 1890, Le cardinal Lavigerie et ses oeuvres d’Afrique, Alfred Mame et Fils, Tours.
KRIDENE Ikram, 2020, Carthage à époque coloniale : histoire et monuments, thèse en sciences du patrimoine, FSHST, Tunis.
MOSBAH Chiraz, 2006, L’héritage colonial de la ville de Tunis entre 1900 et 1930 : Étude architecturale et décorative des édifices de style néo-mauresque, Thèse en Histoire de l’Art, (Vol 1-2), Université Paris IV-Sorbonne, Paris.
MARCILLE Jean, 1995, Le printemps de Carthage, Souvenirs et images sur les collines de Carthage, (1841-1925), Imprimerie universelle la Parette.
SEBAG Paul, 2002, Tunis, histoire d’une ville, L’Harmattan, Paris.

Notes
(1) Karima Dirèche, 2007, p. 1.
(2) « Né le 31 octobre 1825 à Bayonne, il avait une triple formation de lettres, de droit et de théologie. Après une expérience professorale à la Sorbonne (où il avait enseigné l’histoire ecclésiastique), il avait été nommé à la tête du diocèse de Nancy et chargé des missions en Orient (Liban et Syrie en particulier). Son premier contact avec les pays musulmans s’est fait à Beyrouth, où il était arrivé en 1860 et où des rivalités entre confessions avaient débouché sur des massacres de chrétiens poussant les pays européens, et en particulier la France, à envoyer des troupes. Sept ans plus tard, appelé par le maréchal Mac Mahon, le gouverneur général, il avait été nommé archevêque du tout nouvel archevêché de l’Empire : celui d’Alger. C’était une étape importante de son parcours. Lavigerie considérait en effet que la terre d’Afrique était la mémoire chrétienne ». Ikram Kridene, 2020, p. 37.
Cf. Felix Klein, 1890, p. 23.
(3) Cf. Karima Dirèche, 2007.
(4) Pour plus de détails sur les projets évangélique et colonial à Carthage, Cf. Ikram Kridene, 2020.
(5) Paul Sebag, 2002, p. 278.
(6) Extrait de la lettre du cardinal Lavigerie envoyée au consul général Roustan, en date du 13 septembre 1879.
Les Archives de la Prélature de Tunis (A.P.T), Enseignement 4.
(7) Le changement d’architecte a été notifié par Lavigerie dans sa lettre du 13 septembre 1879, envoyée de Rome, à Roustan.
(8) Extrait de la lettre du cardinal Lavigerie envoyée au consul général Roustan, en date du 13 septembre 1879.
A.P.T, Enseignement 4.
(9) François Arnoulet, 1994, p. 28.
(10) Victor Guérin, 1886, p. 25 ; A.P.T, Enseignement 4.
(11) Le collège a laissé sa place au couvent des Pères Blancs et au musée Lavigerie.
(12) La Maison Lavigerie avait été initialement construite pour les chanoinesses séculières qui avaient du mal à supporter la rudesse de la vie à Carthage. Puis, « les chanoinesses ont été remplacées par les novices des Sœurs Blanches arrivées avec la Mère Marie-Salomé, à l’appel du cardinal Lavigerie. Toutefois, elles ne sont pas restées longtemps, et ont dû repartir pour Alger. En novembre 1889, la Maison avait été récupérée par le petit séminaire, pour le recrutement du clergé de Tunisie ». Cf. Ikram Kridene, 2020, p. 67.
(13) Ikram Kridene, 2020, p. 227.
(14) Les Archives Généralices des Soeurs Missionnaires d’Afrique à Rome (A.G.S.M.A), A 5020/2, Carthage- correspondances et documents, projet hôpital indigène (1900-1901).
(15)  A.G.S.M.A, C 5020/5. Carthage – rapports annuels.
(16) François Dornier, 2000, p. 202.
(17) Centre des Archives Diplomatiques de Nantes.
(18) Le nom fait référence au souvenir de Sainte-Monique pleurant sur cette colline lors du départ de son fils Saint-Augustin à Rome.
(19) C’est un ordre à la fois actif (puisqu’il a une mission apostolique) et contemplatif (avec la pratique de l’Adoration Perpétuelle). Il a été fondé par Hélène de Chappottin de Neuville, en religion Mère Marie de la Passion. Cf. Ikram Kridene, 2020, p. 73-74.
(20) Cf. Ikram Kridene, 2020, p. 256.
(21) Nous disposons de très peu d’informations sur cette congrégation, car nous n’avons pas pu consulter leurs archives.
(22) A.P.T, Dossier Enseignement 1. Cité par Ikram Kridene, 2020, p. 55.
(23) Les œuvres des Sœurs Blanches à Carthage comprennent des œuvres éducatives, des œuvres sanitaires (le dispensaire et la toubiberie), et des œuvres diverses (excursion chez les populations arabes, œuvre du tabernacle, retraites de jeunes filles de divers mouvements et retraites de dames). Cf. Ikram Kridene, 2020.
(24) Rapport des activités de juillet 1930 à juillet 1931. A.G.S.M.A, B 5020/3.
(25) A.G.S.M.A, C 5020/71, Carthage, Lavigerie, cahiers de renseignement.
(26) A.P.T, Dossier enseignement 1.
(27) Les Archives Nationales de Tunisie (A.N.T), série SG, sous-série 5, carton 304, dossier 25, projet d’arrêté autorisant Mme Jomier Odile à ouvrir et diriger un cours d’enseignement ménager annexé à l’école des filles de la Maison Lavigerie à Carthage. Cité par Ikram Kridene, 2020, p. 67.
(28) En 1914, le R.P. Huguenot assurait le catéchisme deux fois par semaine.
(29) A.G.S.M.A, C 5020/3, Carthage Lavigerie, rapports annuels.
(30) Extrait de quelques notes sur la Maison de Carthage et ses œuvres rédigées en 1941. A.G.S.M.A, C5020/3.
(31) Extrait de la liste des enfants inscrits pour la rentrée du 22 septembre 1930. A.G.S.M.A, B5020/2.
(32) Rapport sur les œuvres de Carthage du 1er juillet 1945 au 30 juin 1946. A.G.S.M.A, B5020/3.
(33) A.G.S.M.A, C 5020/2, Carthage Lavigerie, correspondances et documents.
(34) Extrait de quelques notes sur la maison de Carthage et ses œuvres rédigées en 1914. A.G.S.M.A. C 5020/3.
(35) Rapport des œuvres de Carthage, 1945-1946. A.G.S.M.A. B 5020/3.
(36) A.G.S.M.A, C 5020/3.
(37) Liste des enfants inscrites à la rentrée du 22 septembre 1930. A.G.S.M.A, B 5020/2.
(38) Rapport sur les œuvres (juillet 1933- juillet 1934). A.G.S.M.A, C 5020/71.
(39) Extrait d’une Note concernant le dispensaire des Sœurs Missionnaires de Notre Dame de Carthage, La Maison Lavigerie à Carthage. A.N.T. Série SG, Sous-série 4, Carton 3, dossier 29, 1954, Note concernant le dispensaire des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame de Carthage (Maison Lavigerie)
(40) Liste des activités des Moniquettes. A.P.T, Dossier Enseignement 1.
(41) Lettre annuelle de France Sud, Algérie, Tunisie, 1932. Les Archives Généralices des Sœurs Franciscaines missionnaires de Marie (A.G.F.M.M), Province de l’Assomption n°3, boîte 17
(42) Lettre annuelle de France Sud, Algérie, Tunisie, 1934. A.G.F.M.M, Province de l’Assomption n°3, boîte 17.
(43) 86 Françaises, 34 Italiennes, quatre musulmanes, trois Maltaises, deux israélites et une Suissesse. Les vingt petits garçons étaient treize Français, trois Italiens, trois musulmans et huit israélites. Précisons qu’on dispose du nombre de filles qui sont passées par l’orphelinat, mais seulement à partir de 1903 : au total, ce sont 1124 Européennes, 23 musulmanes, et deux israélites. A.P.T, Dossier Enseignement 1.
(44) A.P.T, Dossier Enseignement 1.
(45) Lettre annuelle de France Sud, Algérie, Tunisie, 1934. A.G.F.M.M, Province de l’Assomption n°3, boîte 17.
(46) A.N.T, Série E, carton 271, dossier 1, sous-dossier 5, Décret du 12 janvier 1924 portant sur la création d’une école congréganiste privée de jeunes filles avec pensionnat à Carthage, 1923-1946.
(47) Rapport sur les différentes fondations de Tunisie. A.P.T, Dossier Enseignement 1.
(48) A.N.T, Série E, carton 271, dossier 1, sous-dossier 5.
(49) 1332 catholiques, 30 musulmans, 13 israélites, 16 protestants et 9 divers.
(50) A.P.T, Dossier Enseignement 1.
(51)  A.P.T, Dossier Enseignement 1.
(52) A.G.S.M.A, B5020/2, Carthage (1er dossier). Cité par Ikram Kridene, 2020, p. 232.
(53) Ikram Kridene, 2020, p. 234.
(54) Ikram Kridene, 2020, p. 234.
(55) Le Centre d’Archives d’architecture du XXe siècle à Paris.
(56) Ikram Kridene, 2020, p. 204-205.
Carnet des croquis de l’architecte Philippe Caillat. A.P.T, Dossier Enseignement 4.
(57) Ikram Kridene, 2020, p. 205.
(58) A.P.T, Dossier Enseignement 4.
(59) A.P.T, Dossier Enseignement 4.
(60) Ikram Kridene, 2020, p. 206.
(61) Cf. Dominique Jarrassé, 2006.
(62) Cf. François Beguin, 1983.
(63) Chiraz Mosbah, 2006, p. 166.
(64) Ikram Kridene, 2020, p. 461.
(65) Ikram Kridene, 2020, p. 460.
(66) J. Perrier, 1992, p. 983. Cité par Dominique Jarrassé, 2006, p. 63.
(67) Ikram Kridene, 2020, p. 451.
(68) François Arnoulet, 1994, p. 35.
Pour citer cet article

Ikram Kridene, « Les écoles congréganistes de Carthage à l’époque coloniale : un lieu d’assimilation », Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’architecture maghrébines [En ligne], n°12, année 2021.

URL : http://www.al-sabil.tn/?p=8715

Auteur

(*) Docteure en sciences du patrimoine, Laboratoire du monde arabo-islamique médiéval – Université de Tunis.

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